Pour assurer la "protection et la sécurité des intérêts nationaux", l’État français a officialisé l’acquisition d’une action de préférence dans Bull SA, la filiale d’Atos spécialisée dans la conception et la fabrication de supercalculateurs. Cette démarche stratégique s’inscrit dans le cadre de la Convention de protection des actifs stratégiques, signée le 28 juin 2024 entre l’État et Atos, en contrepartie du prêt accordé à la société par le Fonds de développement économique et social (FDES).
Une action de préférence est un type particulier d’action qui confère à son détenteur des avantages spécifiques par rapport aux actions ordinaires. Ces avantages peuvent inclure des droits financiers prioritaires, comme le paiement de dividendes avant les autres actionnaires, et, dans certains cas, des droits de vote élargis, tels que le veto sur certaines décisions stratégiques. L’État, en souscrivant cette action, bénéficie donc de droits renforcés inscrits dans les statuts de Bull SA, ce qui lui permet de garantir la protection de ses intérêts et de maintenir un contrôle sur les décisions importantes de l’entreprise.
Cette acquisition s’inscrit dans la continuité de l’histoire mouvementée de Bull, dernier constructeur informatique français fondé en 1931, et qui, en 2014, avait été racheté par Atos pour environ 620 millions d’euros. Cette OPA amicale, sous la direction de Thierry Breton, visait à positionner Atos comme leader du ‘cloud’ européen, tout en renforçant ses capacités dans le ‘Big Data’ et la cybersécurité. Bull avait alors été intégrée comme une entité dédiée, générant un chiffre d’affaires d’environ 500 millions d’euros, et jouant un rôle central dans les services aux secteurs sensibles tels que la défense et le secteur public, ainsi que dans des géographies clés comme la France, l’Espagne, la Pologne, l’Afrique et le Brésil.
Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, a acté la souscription de cette action de préférence, consolidant ainsi l’engagement de la France envers la préservation de son patrimoine technologique et industriel. « L’État bénéficiera ainsi de droits renforcés, inscrits dans les statuts et pouvant aller dans certains cas jusqu’au veto, sur les informations et décisions que pourrait prendre la société », a-t-il déclaré, soulignant la portée stratégique de cette initiative.
La convention garantit un niveau élevé de protection pour les actifs jugés cruciaux, réaffirmant la capacité de l’État à instaurer des mécanismes de contrôle dans des secteurs sensibles. L’histoire de Bull, marquée par sa transformation sous la bannière d’Atos en 2014 et son rôle central dans la cybersécurité et le ‘Big Data’, continue aujourd’hui de s’écrire sous l’oeil vigilant de l’État.
Le gouvernement poursuit par ailleurs l’étude de schémas d’acquisition complémentaires en collaboration avec Atos, dans l’objectif de sécuriser davantage les activités sensibles de la société, comme l’avait annoncé le 7 octobre dernier.
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