La Commission Mixte Paritaire (CMP) a rendu son verdict : le projet de budget 2025, élaboré sous l’influence du Sénat et du gouvernement, confirme un net ancrage à droite. Ce budget, marqué par des coupes budgétaires drastiques et une approche prudente en matière fiscale, soulève des inquiétudes quant à son impact sur l’économie et les services publics. Les parlementaires socialistes ont voté contre un budget qu’ils jugent injuste et insuffisant pour répondre aux défis de l’avenir.
Selon Emmanuel Maurel, membre suppléant de la CMP, “le budget de l’État s’élèvera en 2025 à 484 milliards d’euros. Les crédits affectés aux grandes politiques publiques sont en baisse de 8 milliards supplémentaires par rapport au budget Barnier.” Toutefois, en tenant compte de l’inflation et de l’évolution des dépenses incompressibles, “la réduction des moyens de l’État se chiffre donc à 24 milliards d’euros.”
Plusieurs secteurs clés sont particulièrement touchés :
• “Le Travail et l’Emploi (moins 15 % par rapport à 2024), l’Enseignement supérieur et la Recherche (moins 8 %), l’Écologie (moins 10 %), la politique industrielle (moins 30 %), tout cela au moment où l’économie est en récession et le chômage augmente.”
• “On déplore aussi la chute des crédits pour l’Aide publique au Développement (moins 25 %), dans un contexte international où la France brille par sa discrétion et ses maladresses.”
Sur le volet fiscal, Emmanuel Maurel souligne que “le budget Bayrou-CMP recule par rapport au budget Barnier.”
• “Les contributions sur les plus hauts revenus et sur l’impôt sur les sociétés des entreprises réalisant plus d’1 milliard de chiffre d’affaires ne s’appliqueront qu’un an, et pas deux comme le proposait Barnier.”
• “La taxe sur les transactions financières est portée de 0,3 % à 0,4 %, ce qui procurera environ 600 millions de recettes supplémentaires.”
• “La nouvelle taxe sur les rachats d’actions, qui aurait pu rapporter 2 milliards, ne générera finalement que 400 millions, sa base de calcul ayant été limitée à la valeur comptable des actions.”
En revanche, certaines hausses toucheront directement les ménages populaires et les classes moyennes, avec “une hausse de 2 €/MWh des prélèvements sur le gaz de chauffage (35 % des ménages se chauffent au gaz), ou le durcissement du malus écologique (sans parler des fortes réductions des aides du type MaPrimeRénov).”
Des concessions limitées à la gauche
Si la gauche a tenté d’introduire des mesures plus équilibrées, “les concessions accordées par la majorité Macron-LR en CMP sont extrêmement modiques.”
• “Sur l’éducation, il n’est plus question de supprimer 4 000 postes d’enseignants, mais le coût supplémentaire a été compensé par une suppression à due concurrence (50 millions) du budget alloué à… la formation des enseignants.”
• “Sur l’écologie, l’importance des coupes (2,5 milliards) a été atténuée par un abondement de 300 millions d’euros du ‘fonds vert’.”
• “Sur les services publics, d’ultimes ajustements de quelques centaines de millions d’euros ont été opérés à destination du réseau postal et des liaisons ferroviaires régionales.”
L’impact économique de ces choix budgétaires pourrait être préoccupant. “Avant même la CMP, le consensus des économistes avait rabaissé la prévision de croissance 2025 de +0,9 % à +0,7 %, le chômage est reparti fortement à la hausse (+3,9 % au dernier trimestre 2024) et on ne compte plus les annonces de fermetures d’usines et de plans sociaux.”
La réduction des dépenses publiques pourrait même aggraver la situation, entraînant une baisse des rentrées fiscales et un creusement du déficit. “Le Haut Conseil des Finances Publiques l’a clairement dit : il sera très difficile de tenir l’objectif de 5,4 % de déficit en 2025.”
Face à ce constat, les parlementaires socialistes ont décidé de voter contre ce budget. “Pour l’ensemble de ces raisons, les parlementaires socialistes ont voté contre le budget 2025 issu des travaux de la commission mixte paritaire.”
Enfin, Emmanuel Maurel conclut en dressant un constat sans appel sur le rapport de force en CMP : “Nous savions dès le départ que la gauche aurait du mal à faire valoir son point de vue et ses revendications. Il en a effectivement été ainsi. Il n’y a pas eu de bonne surprise. Quant aux mauvaises, nous les connaissions à l’avance.”
Ce budget, dominé par une majorité de droite, confirme ainsi une orientation marquée par la rigueur budgétaire et une priorité donnée aux entreprises et aux grands groupes, au détriment des services publics et du pouvoir d’achat des ménages.
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